Les avantages du R+, pour les humains

On parle beaucoup des avantages du R+ pour les animaux, mais on oublie souvent le petit humain à l’autre bout. En l’occurrence, la petite humaine, car dans cet article, je vais parler de moi.

Pour re-situer un peu le contexte « récent », j’ai eu Hermès en Octobre 2018, au bout de 6 mois je me suis retrouvée bloquée avec lui en travail à pied, car il manquait cruellement de motivation. Après avoir fait des recherches sur la question et que la nourriture arrivait en tête de liste, je me suis lancée dans le R+.

Hermès a donc été à l’origine de ce changement de fonctionnement, parce qu’il était hors de question pour moi qu’il n’aime pas ce que je lui propose.

Mon sac à dos

Pour re-situer le contexte moins récent de mon expérience avec les chevaux, je dois dire que j’ai toujours été chanceuse. J’ai grandi avec les chevaux, littéralement, dans un pré avec un groupe (bon okay j’avais aussi une maison mais vous avez compris l’idée ahah). C’est évidemment GÉNIAL, mais pas que. L’avantage non négligeable que cela m’a donné, c’est que j’ai toujours su « lire un cheval », je ne sais pas forcément expliquer avec des termes scientifiques ce qu’il se passe dans la tête des chevaux, néanmoins, si je suis dans un troupeau, je ne suis jamais perdue. Les chevaux ont été mes premiers amis véritables et ils m’ont beaucoup appris sur eux dès toute petite. J’ai notamment eu la chance d’observer bons nombres de comportements qui sont normalement observables en milieu naturel, ou alors très rarement visibles en pâture. Mine de rien, c’est une chance assez énorme et j’ai toujours considéré ça comme « normal » (je me rends compte maintenant que ce n’est pas si normal que ça pour la plupart des gens ayant des chevaux..!).

Je peux également ajouté qu’en terme de relation avec tous les chevaux de ma vie (bah oui du coup y en a eu plusieurs!), moi aussi, je faisais un peu parti de leur famille. Enfin, finalement, on faisait tous parti de la même famille pour moi ahah

Un soir au coin du feu, je vous ferais un petit récit de toutes les anecdotes au sujet de mon enfance avec les chevaux, promis.

Matt, chef de famille des Daltons, va à la rencontre d’un nouvel arrivant au pré.

Deuxième chance que j’ai eu : une maman qui m’a toujours appris qu’un animal, quel qu’il soit, avait toujours son mot à dire, simplement parce que lui aussi c’est un individu, comme nous. « S’il le chat t’a griffée, c’est bien fait, il t’avait prévenue, tu l’embêtais ».

Libre à moi d’écouter ou non, mais toujours est-il que j’ai grandi avec cette idée, plus que présente et surtout rapidement acquise, puisque effectivement, les animaux avaient toujours un « truc à dire » (sacrés bavards ceux là aussi, tiens!).

Alors j’ai grandi avec cela en tête, certes j’ai parfois été au-delà de ce que mes chevaux acceptaient, mais le truc quand on laisse le choix à un cheval, c’est qu’il ne se fait pas prier pour vous remettre à votre place quand vous dépassez la limite. Dans ces cas là, j’avais droit à des réactions démesurées de leur part, donc je ne pouvais pas me tromper, j’avais été trop loin avec mes idées de petite nana invincible…et j’étais souvent très honteuse de moi par la suite (au passage, best sentiment ever pour se remettre en question), parce que j’avais vraiment peur d’avoir « fâché » le poilu concerné (naïf, et très certainement faux, n’empêche que j’y crois toujours si je fais une boulette, ma petite punition personnelle quoi). Et l’avantage de cette sanction, c’est que finalement après, on est « auto-disciplinée » et on fait attention pour de vrai à ce qu’il raconte (même si pour nous cette flaque d’eau, elle avait pas l’air si terrifiante).

Tout ça pour dire, que l’avis de nos chevaux a toujours été pris en considération à 99 % (100 % c’est pas possible, puisque encore aujourd’hui, des fois je suis bornée et je vais au-delà. Vilaine), je n’ai jamais eu à avoir, cette espèce de prise de conscience, que je vois très souvent, même sur des gens très qualifiés et compétentes avec les chevaux. Je pense que c’est beaucoup plus facile quand on part d’entrée de jeu « dans ce moule là ». Une grosse part du chemin est accomplie pour être quelqu’un de réellement lié à son cheval.

Eldur, Cheval Islandais et Roi des calîns

Le lien avec le R+

Quand j’ai découvert le R+ il y a un peu moins d’un an (et oui c’est pas vieux), je connaissais finalement déjà pas mal de principes, mais je ne savais pas que cela s’appelait comme cela, ni même qu’il y avait de réelles études faites à ce sujet (sachant pour moi c’était un concept « acquis » sur pas mal de notions : avis de l’animal, proposer plutôt qu’imposer, trouver un plaisir réciproque à travailler…..).

Alors je dirais que ça été un peu le soulagement pour moi de voir que j’allais pouvoir trouver des supports, des témoignages et potentiellement des personnes avec qui j’allais être en accord (petit aparté, je lis en ce moment Animal Training 101 et ce bouquin est franchement passionnant, la vision des animaux qu’a Jenifer Zeligs est super !). D’où ce côté un peu révolutionnaire que j’ai trouvé au R+ : tout ce que je trouvais dessus indiquait que les gens qui l’utilisaient avaient une ouverture d’esprit différente de ce que je pouvais voir auparavant dans le monde du cheval (en général hein, car y avait aussi des gens très raccords avec ce que je pensais avant aussi 🙂

En terme d’objectif et d’éthique personnels, cela me permet de mieux orienter mes recherches si je suis confrontée à un souci avec Hermès et d’avoir un panel d’idées plus vastes. Je conserve malgré tout des habitudes liées à « l’équitation classique », mais je ne cherche pas forcément à les éradiquer, elles sont des points de repères et le résultat de mon expérience passée, je suis à l’aise avec et si elles conviennent à Hermès, ma foi, je n’y vois aucun inconvénient.

La réflexion

Hormis la grosse remise en question par laquelle je suis passée, quant à l’utilisation de la nourriture dans le travail, je suis d’avantage confrontée à des choses nouvelles et donc je dois me poser plus de questions que si j’étais restée sur mon schéma d’origine.

C’est quelque chose qui me motive réellement, ce petit côté aventurier où je suis obligée d’essayer de nouvelles choses et d’ajuster le tir, simplement parce que je n’ai jamais fait comme cela avant.

Lorsque je découvre un nouvel exo ou une nouvelle manipulation, j’ai toujours un petit moment hyper enthousiaste en arrivant au pré, comme avant d’ouvrir un gros cadeau.

Les essais non concluant me forcent aussi à réfléchir beaucoup et à prendre du recul sur ce que j’ai fait. Je trouve que la remise en question qu’implique le R+ est beaucoup récurrente et poussée qu’avec une autre méthode d’apprentissage (j’ai pas tout essayé hein, mais du peu que j’ai vu, c’est mon ressenti). Je ressens d’avantage le besoin d’être « une bonne prof » pour Hermès. Avant j’aurais juste voulu qu’on arrive à faire des trucs chouettes tous les deux et qu’on y trouve chacun notre compte, je n’avais pas forcément cette volonté d’approfondir, puisqu’en général, je savais que telle chose allait m’amener à tel résultat.

L’estime de soi et de son cheval

Pour faire le parallèle avec le fait d’être une bonne prof pour Hermès, je trouve que nos séances de travail sont toujours gratifiantes, je suis bien souvent hyper fière de lui, c’est clairement un point que le R+ a développé dans ma vision du travail avec un cheval. Avant j’étais facilement très contente de ce que j’avais pu faire avec mes chevaux, mais rarement « hyper fière ».

Étant donné que je connais très peu de choses encore sur toutes les techniques liées au R+, je suis souvent en « phase de recherche », Hermès est mon support number one pour faire des essais et je trouve sincèrement que c’est une super façon de progresser. Ni lui, ni moi ne savons, et ça, c’est tout nouveau pour moi. Soit j’avais un cheval qui savait, soit c’était moi qui savais, mais jamais je ne me suis retrouvée dans ce cas de figure jusqu’ici.

Cela contribue d’autant plus à me rendre fière de ce qu’Hermès arrive à faire avec moi.

Je dirais même que c’est réciproque pour lui dans certaines situations, j’ai découvert ce que « motivation intrinsèque » signifiait quand je lui ai appris le pantherwalk. Il n’est pas rare qu’il le fasse pour tout et rien, et il a toujours l’air super fier de lui quand il fait ça 🙂

Pour poursuivre dans cette direction, je trouve que la liberté de réflexion qui est offerte au cheval avec cette méthode est assez révolutionnaire (ouais ouais okay j’arrête mes révolutions ^^). Ce que je trouve vraiment géniale, c’est que parfois j’arrive dans le pré avec « une idée », mais Hermès me montre autre chose et on peut partir dans une toute autre direction, juste parce qu’il y a réellement cette notion « d’échange ». Au même titre, parfois je viens juste le voir pour flâner au pré et il demande à faire quelque chose (généralement me sort son plus beau pantherwalk en humhumant), c’est quand même hyper plaisant de voir que le boulot lui plaît à ce point, qu’il en redemande !

Enfin, l’un des points que j’apprécie énormément, c’est que grâce au R+, Hermès est devenu encore plus curieux et volontaire. Il a toujours été proche de l’homme et du style à aller regarder sous tous les angles les nouvelles choses. Sauf que depuis qu’on travaille ainsi, le moindre nouvel objet, ou si j’installe un dispositif, il est immédiatement le nez dessus, à essayer tout seul « de voir à quoi ça sert » (faut le toucher du nez ? Lever un pied ? Le saisir ?..). C’est cette envie de comprendre que je trouve vraiment impressionnante. Très honnêtement, je ne pensais pas que cela puisse faire partie des choses qui pouvaient être améliorées, je pensais simplement que certains chevaux étaient plus curieux que d’autres, c’est tout.

Bountie qui découvre la porte de rubalises librement dans le pré.

Une petite redécouverte

En retrouvant le monde du cheval après 5 ans de coupure, j’étais très ancrée sur certaines idées (chose qui n’avait d’ailleurs pas été le cas auparavant, allez savoir ^^), ce qui m’a valu 6 mois de stagnation avec Hermès. Comme il ne savait strictement rien faire, il ne pouvait pas palier à « mon incompétence » puisqu’il n’avait aucune idée de ce que j’attendais de lui (d’ailleurs je crois que je ne savais pas trop non plus ahah). C’était donc à moi de trouver une solution pour débloquer tout ça. Là où je me sens vraiment en adéquation avec cette méthode d’apprentissage, c’est qu’il est quasi obligatoire d’observer son cheval en intégralité. De prendre en compte tous les facteurs de sa vie, son environnement, ses réactions à un instant T, juste à cause de l’utilisation de la nourriture pendant les séances. C’est évidement le cas dans n’importe quelle méthode plus classique, mais c’est très peu, voir pas du tout mis en avant comme étant un facteur de réussite ou d’échec. Les supports disponibles, abordent réellement ces questions de bien être du cheval, de respect des besoins fondamentaux et je trouve que l’approche du cheval est vraiment « globale » (il faut d’ailleurs que je lise Language Signs and Calming Signals of Horse prochainement !). On nous parle beaucoup plus des réactions chimiques (hormones et compagnie) du corps dans telle ou telle situation, de leur impact sur le cheval, son apprentissage, son comportement. La mise en avant de récompenser les comportements ou attitudes (calme, décontraction) que l’on veut voir plus souvent, proposer un comportement alternatif en cas d’incompréhension, éviter les punitions positifs, ne pas monter en phase, ne pas se positionner comme « leader » etc.. Sont un ensemble de concepts et de réflexions, complètement novateurs dans le monde du cheval à mon sens. Et il va sans dire que j’adhère totalement à cette vision de la relation Homme/Cheval.

Le fait de commencer à me documenter, à découvrir de nouvelles approches se démocratisaient, m’a vraiment fait l’impression d’un renouveau et je crois que c’est pour cela que j’aime tant partager mon quotidien avec mon petit gars.

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2 commentaires

  1. Passionnant !

    « Lorsque je découvre un nouvel exo ou une nouvelle manipulation, j’ai toujours un petit moment hyper enthousiaste en arrivant au pré, comme avant d’ouvrir un gros cadeau. »
    Ahah, mais c’est trop ça, je te vois exactement débarquer devant Hermès comme ça à chaque fois x)

    Plus sérieusement, je trouve cela vraiment intéressant. Cela me fait penser aux parents qui se refusent totalement à crier et taper leurs enfants/bébés. Puisqu’on ne peut pas utiliser notre force, il faut VRAIMENT se remettre en question et retrouver la base que l’on a perdue. Je vois parfois cela avec le jeune gamin que je fréquente un peu (le « 3 ans » :p), quand il tape une colère, faut piger pourquoi et faire avec en essayant de le soutenir au maximum sans non plus t’épuiser puisque ce n’est pas en le collant sous la douche froide que ça va aider ^^
    A partir du moment où on part sur un bénéfice +/+ chez les deux individus, que ce soit des animaux ou des humains (enfin … des humains et des animaux non-humains ahah) et où l’on se refuse à la facilité en écrasant l’autre, faut sacrément réfléchir et c’est fascinant !
    Les primatologues voient souvent cela chez les groupes de grands singes (ou d’autres zoologues chez les éléphants) : les « tantes » qui gèrent les conflits ne sont pas les plus violentes ou les plus fortes, elles ont juste une aura impressionnante et surtout, elles n’usent que très, très rarement de violence et leur jugement sont justes et sans appel.

    Aimé par 1 personne

    • C’est exactement ça ! D’autant que rentrer en conflit ce n’est positif pour personne… Des fois malheureusement ça arrive, on est pas d’accord, je m’en sors pas, je suis pas contente. Je préfère sortir du pré en lui disant « vilain je suis fâchée » 🙃 Je pense qu’il y a aussi un gros problème d’habituation à la punition pour l’humain. En fait on se renforce positivement en punissant le cheval : on s’énerve, lui colle une baigne, il arrête. Du coup pour nous c’est facile.
      Enfin, pas sûre que ce soit la solution la plus durable vu tous les soucis de comportement qu’on peut observer 🤔
      Je pense qu’il y a aussi un gros problème vis à vis des chevaux… Taper son chien, son gamin, sa femme : c’est pas bien. Taper son cheval : c’est normal. (Okay okay je pars un peu loin, mais si c’était moins « populaire » les gens seraient plus enclins à chercher des solutions constructives je pense 🤔)
      Si je me fie aux Daltons, c’est Matt la tante qui règle les conflits 😁 il va moins au boxon avec l’âge 🤠

      Ahaha et oui, je suis toujours complètement zinzin, j’ai le corps qui fourmille quand on essaie des nouvelles choses 😄😬

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