Utiliser la cible en extérieur

Si vous n’avez pas lu le premier article sur le sujet, je vous invite à y jeter un œil avant de lire celui ci, il détaille d’avantage ce qu’est une cible 🙂

Nous avons progressé avec Hermès et je trouve intéressant de faire un point sur la façon dont nous utilisons la target/cible à présent.

J’espère que cela vous aidera à comprendre comment évolue l’utilisation de cet outil (et aussi à quel point il est génial!).

Dans cet article, je vais tenter de mettre en lumière les choses sur lesquelles nous avons progressé et comment nous y sommes arrivés.

Je vais prendre comme « valeur de référence » nos premières balades avec la cible : balades 1 et 3 sans cible, 2,4,5 avec la cible. Et je vois très nettement la différence quand je prends la cible (c’est beaucoup mieux héhé). Elle m’a permis de coder pas mal de choses, si bien que la 6ème fois, je n’ai même pas pris la cible et la balade s’est très bien passée !

Codes et indications

Travailler en extérieur a de nombreux avantages, notamment un : la motivation ! C’est beaucoup plus enrichissant et motivant pour les chevaux d’aller d’un point A à un point B plutôt que de tourner en rond dans une carrière. De plus, je fais partie de la team qui utilise les événements/éléments extérieurs pour bosser. Cela me permet d’aborder les choses différemment ainsi que de varier encore un peu ce que je propose au petit poilu.

Seulement voilà, bosser tout le temps dans le pré, puis partir d’un coup en balade, ça fait beaucoup de perte de repère pour Hermès, même s’il adore aller en extérieur.

La cible, c’est un peu comme un objet transitionnel, elle donne des indications connues et rassurantes à Hermès. C’est un objet qu’il connaît/qui a du sens pour lui et qu’il a associé à quelque chose de positif.

Ce que j’ai pu remarquer avec la cible, c’est que son utilisation varie en fonction de la progression dans le travail.

En premier lieu, on cherche à faire associer la cible à quelque de positif pour le cheval (conditionnement classique = la cible est neutre puis devient positive), il intègre que s’il touche la cible il est récompensé.

Ensuite, quand il a compris, on peut le déplacer avec la cible, en le faisant suivre. Après quoi, on peut commencer ce que j’appelle « les tracés » : la cible dessine un mouvement, le cheval l’imite. Il est intéressant de coupler les tracés à la voix pour donner plus d’indications et que cela soit plus facile ensuite (le but étant de se passer de la cible, nous pourrons conserver uniquement les codes vocaux).

Quand les tracés sont bien compris, notre main, peut venir à son tour « dessiner » un mouvement, pour indiquer au cheval ce qu’il doit faire. Je dirais qu’à partir de là, on peut considérer que c’est le début de la mise en place des codes.

Au même titre, la cible peut servir de support pour la mise en place de codes/indications tactiles (comme pour le sculpting).

Nous avons énormément progressé dans ce processus depuis que j’utilise la cible en extérieur.

Je pars d’ailleurs sans cible à présent et en cas de besoin mon poing sert de cible de substitution (lors d’un petit moment de stresse par exemple).

Déplacer/ Éloigner Hermès

Comme dit dans l’article précédent ( > La cible), Hermès est très fixé sur moi, me suis et me colle beaucoup et cela depuis toujours (c’est ma glue!). La cible me permet de concentrer son attention sur quelque chose d’autre sans le frustrer.

En effet, étant donné qu’il apprécie et qu’il souhaite être proche de moi, lorsque je lui demande de s’éloigner, cela peut être perçu comme une punition négative (=supprimer quelque chose d’agréable).

En lui demandant de suivre la cible (qui est associée à quelque chose de très chouette), je ré-oriente son comportement sans lui supprimer de confort/ de chose agréable (donc sans P-).

Cela m’est particulièrement utile lors de nos balades. En effet, encore plus que dans le pré, Hermès est très proche de moi en balade (« Marchons en rang serré camarade ! »). Le truc c’est que ce n’est franchement pas pratique dans les petits chemins, ni très agréable d’avoir un poilu collé dans le dos.

Pour l’aider à s’éloigner de moi s’il marche à ma gauche, je présente la cible de son côté gauche en la passant sous l’encolure et indique mon code vocal « Target » (= touche avec ton nez) pour orienter son attention à l’opposé de moi. Je renforce beaucoup les premiers coups, puis petit à petit qu’une fois sur deux, puis une fois sur trois etc…généralement maintenant, je pointe l’autre côté du chemin (sachant qu’il connaît les pointages) en indiquant « Là » (= déplace toi selon mon pointage) et il se place de lui même. Je n’ai plus besoin de récompensé avec de la nourriture, une caresse suffit.

Un grand merci à Clem pour cette illustration ! 🙂

Au même titre, j’ai codé avec la pression du licol. C’est à dire que je place ma main au niveau du mousqueton de la longe et je décale légèrement ma main vers sa gauche, je complète avec la target, afin qu’il la suive. Petit à petit, seule la pression sur le mousqueton suffit même si elle est très légère car je récompense beaucoup les premières fois (le mouvement est donc associé à quelque chose de positif et est plus facile à réaliser par la suite).

Pour aller plus loin, je l’ai aussi habitué à changer de côté en passant derrière moi. Par exemple, s’il marche à ma gauche, je pointe la cible vers la droite avec ma main droite pour qu’il passe à droite. J’accompagne avec mon code vocal « Change » (= suis mon autre main, code très pratique qui m’a permis de mettre en place les changements de main 🙂 ainsi il sait qu’il doit changer de côté.

Un grand merci à Clem pour cette illustration ! 🙂

Débloquer une situation de stresse

L’un des points les plus « magiques » de la cible, c’est celui là !

Pour Hermès, la cible est associée à quelque chose de vraiment supertropcool ! Pour vous dire, il « humhumhum » quand je la sors de la voiture. Si quelque chose fait peur à Hermès, soit il se fige et « fuit », soit il « fuit » directement (j’écris fuit entre guillemets, car il est relativement très calme et se contient beaucoup, je ne l’ai jamais « perdu » ou il ne m’a jamais arraché la longe des mains par exemple). Je pense que c’est d’ailleurs des réactions observables chez beaucoup de chevaux en cas de situation effrayante ou de très grande surprise.

S’il se fige, cela annonce qu’il peut rapidement chercher à s’en aller, le tout est donc d’enrayer la situation avant qu’elle ne dégénère.

S’il tente de fuir (dans son cas, il démarre et s’arrête en bout de longe, donc cela reste très gérable), je cherche à re-concentrer son attention sur quelque chose de « fiable », moi en l’occurrence ahah

Cheval statue : J’essaie de détourner son attention de « insérez une situation très effrayante », je lui présente la cible, très proche du nez et annonce « Target » (= touche la cible avec ton nez). Cela peut sembler bête, mais je pars du principe qu’en occupant de la place dans sa tête avec une action positive/récompensée/où il doit agir (en plus c’est facile), cela laisse moins de place à la peur pour s’installer. Après la première touche avec le nez, j’éloigne un peu la cible, puis assez pour qu’il fasse un pas et ainsi de suite, le tout en gardant une attitude décontrac’ pour qu’il se calque sur moi (d’ailleurs depuis que j’ai la cible en balade, pas une fois je n’ai eu de pic de stresse !) et en récompensant beaucoup voix/nourriture/caresse. Tout cela me permet en général de ré-enclencher la marche 🙂 Je garde ensuite la cible devant lui tant qu’il n’est pas serein et continue de récompenser si besoin.

Courage Fuyons ! : Généralement, cela arrive dans des situations que je n’ai pas pu anticiper (des chevaux qui surgissent de derrière une clôture alors que d’habitude ils ne sont pas là par exemple). L’avantage d’Hermès c’est qu’il est relativement calme et a tendance à faire face (donc en gros il démarre au galop sur 5m puis se retourne en direction de ce qu’il l’a surpris pour regarder). Je dirais que dans ces cas là, je n’ai pas besoin de faire grand-chose puisqu’il se contient tout seul après avoir sauté en l’air. Néanmoins avec le pic d’adrénaline, la pression reste palpable un moment ^^ . Dans ce cas j’applique la technique décrite au dessus en récompensant énormément.

Avant d’utiliser la cible pour apprendre à Hermès à ne pas fuir de trop, ou éviter qu’il explose, je l’autorisais à brouter sur place (donc finalement, c’était un peu du R+ quand même).

Canaliser une allure

Comme décrit plus haut, la cible m’a beaucoup aidée pour la mise en avant dans des situations compliquées. Elle m’a aussi permis de cadrer Hermès aux allures supérieures (euh enfin juste au trot car mes petites jambes d’Homo Sapiens ne me permettent pas de galoper aussi vite que lui…!). Car pris de fougue, au trot, Monsieur Hermès trouvait assez cool de courir très vite et si possible de m’emmener dans les fourrés… Euh.

Pour commencer, j’ai uniquement fait des démarrages au trot avec mon code vocal « Trotte » (déjà codé) et la cible devant lui, une foulée ou deux puis « marqueur + bonbon ». Le but étant de récompenser avant qu’il parte en live (Spirit sort de ce corps). Le tout avec des indications de cible (devant son nez pour démarrer, pointée vers le haut pour s’arrêter), ce qui faisait un repère de plus pour lui et me permettait de focaliser son attention sur mes demandes, plutôt que sur « les grands espaces ».

Dès la première séance (balade 4), j’ai pu observer en quelques minutes une nette amélioration, il restait à mon niveau, sans me pousser dans les broussailles.

Balade 6 : je peux trotter dans un chemin complet, à ses côtés, il adapte son allure et cerise sur le gâteau, je n’avais même pas de cible et je récompense uniquement l’arrêt à la fin (oui je me la raconte un peu, j’avoue…mais il est trop fort ce petit gars).

Arrêter les broutings intempestifs

Si toi aussi tu as un poney goinfre, ce paragraphe est fait pour toi ! Genre tu marches normalement, tout va bien, puis tout à coup la longe t’arrache le bras pour aller voir la super touffe d’herbe à 3m.

On est d’accord, cette situation n’a rien d’agréable et peut même vite devenir HYPER AGAÇANTE (oui, je crie).

Avant toute chose, il important de préciser que si le petit poilu n’a pas accès à l’herbe, ma petite méthode ne vous aidera certainement pas beaucoup (sachant que l’origine du problème est tout autre…!). Deuxième précision, il est indispensable de dédier des pauses brouting durant la balade (cadré, dans notre cas, j’ai codé « Broute » en pointant l’herbe), cela permet au cheval de se dire que même s’il ne peut pas brouter dans l’immédiat, il y aura un temps pour cela plus tard. Généralement, je fais une pause brouting en milieu de balade et une sur le chemin du retour.

Mai 2019 – Photo de Marion Maillet

Alors comment faire pour éduquer son poney au brouting si on ne veut pas rentrer dans du R-/P+ ?

Tout d’abord, les premières séances, il faut s’armer de patience et si besoin utiliser une récompense à très haute valeur. Pour ma part j’ai codé en même temps à la voix et à la tension de la longe (=si la longe est tendue, tu dois continuer d’avancer). Voilà comment j’ai procédé : Hermès dérive et tiiiiiiiire pour aller brouter, la longe est tendue, je présente la cible devant son nez et donne mon code « Target », dès qu’il touche « Marqueur+bonbon ». Le timing est important car la source motivation que l’on apporte est souvent plus basse que l’herbe qui le regarde du coin de l’œil.

De plus, rendre volontairement la target facilement accessible, rend la récompense plus facile à obtenir, c’est assez motivant pour le poilu en général 🙂

Après quelques essais, en plus de demander à Hermès de se détourner de l’herbe, j’ai fait en sorte qu’il continue de marcher, grâce à mon code  « Marche ». Toujours en récompensant beaucoup au début.

Une fois que la mise en avant revient facilement, il est plus d’anticiper quand le petit gars souhaite dévier pour aller brouter. Je donne alors mon marqueur « Non » (=comportement non récompensé, change de comportement) puis mon indication «Marche », afin de récompenser l’action de marcher/de ne pas s’arrêter.

Le « boulet »

Dans le même registre, j’ai réussi à éradiquer le syndrome du boulet. Mais keskecé ? Tu sais, quand tu marches en bout de longe et que ton cheval se laisse gentiment traîner par tes petits bras pas musclés… Bah c’est ça le syndrome du boulet ahah

Bref Hermès a toujours eu une tendance à traînasser/flâner/oublier carrément qu’il était sensé marcher, quand il est en bout de longe derrière moi.

Grâce à la cible, j’ai pu lui apprendre à répondre à la tension de la longe pour qu’il me rattrape ou récupère une allure correcte.

Je présente ma cible, tends la longe légèrement, annonce mon code « Target » puis récompense dès qu’il la touche avec son nez. Puis quand il le fait assez spontanément, j’arrête de donner mon code vocal, je tends la longe puis présente la cible. À force, il suffit juste que je tende la longe (je ne présente la cible que lorsqu’il n’est pas attentif). En 10min, plus de petit boulet, j’étais ravie et mon bras aussi ^^

Un grand merci à Delphine pour cette illustration 🙂

Je pars à présent sans cible (Hermès l’a cassée en marchant dessus, vilaine bête ^^), les choses que nous avons mises en place en quelques balades seulement ne nécessitent que des rappels et dans l’ensemble tout est assez bien intégré. Une chose est sûre, nous avons énormément progressé sur les points abordés plus haut, en quelques séances seulement.

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