La pourriture des fourchettes

Bien qu’il y ait bon nombre d’articles sur le sujet, je vous partage mon expérience avec la pourriture des fourchettes.

Un mal redouté quand on a un cheval pieds nus, qui plus est, en hiver.

La pourriture des fourchettes est amas de bactéries et de champignons qui se loge dans les lacunes (médianes et latérales) des fourchettes, elle peut être plus ou moins profonde, récurrente et créer de plus grosses infections…

Elle est facilement reconnaissable : exsudat noir (qui la distingue du « crapaud » qui sécrète un exsudat blanc, pathologie assez rare, mais la reconnaître rapidement permet un meilleur traitement. Celui ci n’est d’ailleurs pas le même que pour la pourriture des fourchettes, des produits agressifs aggravent le crapaud , mais ce n’est pas le sujet ici 😉 ), odeur prononcée, fourchette à l’aspect irrégulier avec des « trous » et une potentielle sensibilité (suivant l’étendu des dégât..). Le truc imparable en cas de doute : si le cure pied rentre dans la lacune, il y a pourriture.. !

La fourchette de part sa fonction (amortisseur du coussinet digital, c’est pas rien) ne peut pas être laissée sur le banc de touche.

Sans compter qu’une infection sur un pied, ce n’est pas anodin….si elle vient à se développer et touche les tissus internes, c’est un peu la cata .. ! (surtout quand on voit tout le sang qui circule dans le pied, le BEST moyen EVER de rebalancer des cochonneries dans le reste du corps).

Photo de gauche, on voit très clairement la couleur noire de la lacune médiane (ainsi que les latérales)

Photo de droite, la voûte de la lacune médiane passe au delà de la ligne de poils, c’est donc un signe de grosse pourriture.

Sur le petit zoom on observe que la voûte est très irritée, rougeâtre.

Le cure pied rentrait jusqu’à la fin de la voûte.

Comment se développe-t-elle ?

Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte : un sol souillé, très humide, un pied non fonctionnel (avec des talons hauts empêchant la fourchette d’être en contact avec le sol par exemple)…

Dans notre cas, je pense que ces 3 causes ont permis à cette vilaine chose de s’installer dans les pieds d’Hermès l’hiver dernier.

Pour rappel, il était dans un pré en pente, avec le foin en bas… Bon pas idéal, mais on ne choisi pas toujours malheureusement. Les poneys restaient au foin, pipi-caca sur place, les pieds sur un sol hyper mou… Bon pas besoin d’être podologue pour trouver ces conditions franchement nazes…

J’ai constaté dès le mois d’Octobre 2019 (soit un mois après la rotation sur le pré d’hiver) qu’Hermès avait une locomotion beaucoup moins fluide et qu’il marchait sur des œufs sur sol dur (la route, même pas de cailloux..).

Dernier souci qui n’a pas du tout aidé : Hermès ne donnait pas les pieds, j’arrivais de façon très aléatoire à les lui prendre.. de plus, plus il était sensible, plus il était difficile pour lui de faire un report de poids (surtout sur les antérieurs…).

À ce moment là, son œil était très irrité et par conséquent, j’ai surtout poussé le medical training pour ça, les pieds passaient au second plan et je ne voulais pas le surcharger de choses désagréables et risquer de le braquer….

Une fois mais pas deux !

Durant l’hiver 2019, Hermès avait une locomotion franchement impactée sur sol dur, ses pieds étaient très sensibles, surtout les antérieurs. Il est high low par conséquent il avait certainement un pied plus touché que l’autre, mais le résultat était le même : je ne pouvais pas prendre les pieds. L’environnement et le sol du pré faisait qu’à part attendre la belle saison, je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre, ses pieds ne poussaient quasiment pas avec le froid…

J’essayais de le sortir marcher sur la route dès que possible, histoire de stimuler ses pieds et potentiellement sa fourchette, mais c’était assez pénible pour lui et je dois dire que je n’avais pas forcément le cœur à le forcer…

Il marchait en posant en pince, pour soulager l’arrière de son pied et avait une locomotion très raide.

Je commencé à travailler la prise des pieds plus sérieusement mais c’était difficile et certainement douloureux pour lui… Donc à part attendre les beaux jours je n’avais pas trop de solutions.

Au printemps quand le pré s’est ré-essuyé, j’ai tout de suite vu une amélioration, il marchait mieux et semblait moins dans l’inconfort. Cependant, le confinement ne nous a pas trop aidés pour avancer rapidement sur ces soins là.

Il n’avait encore jamais été paré, je trouve que l’évolution en quelques mois est assez impressionnante

Quand j’ai enfin pu m’y mettre sérieusement, j’ai rapidement pu lui prendre les pieds (grâce au bouton start, voir mon article sur le sujet pour plus d’info !), je voulais qu’il voit le maréchal pour enfin être paré correctement.

Oui mais oups. Le maréchal est venu en Juin, il m’a dit qu’Hermès avait de bons pieds, qu’il n’y avait rien à signaler .

En postant des photos de ses pieds sur Instagram, des filles plus calées que moi (et que le maréchal visiblement), m’ont dit de faire attention à sa pourriture des fourchettes..

Souhaitant un 2ème avis pro, j’ai cherché un.e podologue, pas de bol pour moi (mais surtout pour Hermès), les tarifs qu’on me proposait étaient clairement hors de mon budget pour un suivi régulier (à base de 75€ le parage + les frais de déplacement).

J’ai donc pris le problème par le début : je n’avais pas assez de connaissances sur la question, malgré mes recherches, il me manquait beaucoup trop d’info et de pratique.

C’est pour cela qu’en Juillet j’ai fait un stage de parage physiologique et de locomotion avec Gwenaël Cadet.

Après 2 jours de théorie et de pratique, j’ai enfin compris d’où venait le souci sur les pieds d’Hermès.

J’ai appris à lire le pied, à comprendre pourquoi il avait cette foutue pourriture qui ne passait pas.Le maréchal est revenu 6 semaines après le premier passage et inutile de dire que cela m’a convaincue de me débrouiller toute seule.Je m’occupe aujourd’hui seule des pieds d’Hermès (depuis 5 mois) et pour le moment tout se passe bien 🙂

Prévenir et traiter la pourriture des fourchettes

Cet été, le petit touffu avait encore les fourchettes pourries. Si ce n’est pas l’humidité ou le sol souillé, le problème venait essentiellement de la conformation de ses pieds : des talons trop hauts pour permettre à la fourchette d’être en contact avec le sol et un pied trop loin dans la boîte cornée.

Solution : baisser les talons et reculer le pied (= raccourcir la longueur de pince). J’ai aussi cherché à limiter les évasements et redonner une bonne concavité aux pieds (selon le modèle du pied de mustang).

Cet été, je manquais de produits « tous faits » j’ai donc fait avec les moyens du bord.

Tout d’abord, après curage du pied, j’appliquais du tea tree dans les endroits atteints (typiquement les lacunes médianes). Je me concentrais surtout sur les antérieurs, car les postérieurs étaient sains (bien que pas en super état non plus!). Pour combler les trous, j’appliquais quotidiennement de l’argile verte (préalablement mouillée + quelques gouttes de tea tree dans la mixture).

L’argile verte permettait d’assécher les lacunes (rendant l’endroit peu propice au développement des bactéries) et le tea tree désinfectait le tout.

Je me suis aussi vue mettre du Cotivet dans les lacunes un jour où je n’avais plus assez de tea tree et que je n’en avais plus en stock…

Le souci de son pied était que la lacune était tellement profonde qu’elle semblait fermée (donc un petit nid douillet pour la pourriture…), je pouvais néanmoins rentrer la moitié de la tige du cure pieds dedans…Donc méfiance : si un cure pied peut rentrer, même si tout le reste du pied est sec, la lacune reste humide et c’est le signe d’une pourriture dans 99 %.

Trouvant que l’argile ne suffisait pas vu l’étendu des dégâts, j’ai acheté du Hoof Stuff (produit de chez Red Horse à base de miel, de fibres de coton et d’oxyde de zinc, cela coûte une vingtaine d’euro et le pot dure vraiment longtemps!).

L’Artimud m’a également été fortement recommandé.

Pour un mélange maison ayant les mêmes propriétés que le Hoof Stuff, j’aurais pu rajouter du coton à ma mixture d’argile.

Le seul défaut que je trouve au Hoof Stuff c’est qu’il ne tient pas lorsque c’est mouillé ou qu’il y a de la boue… Même en séchant le pied au préalable.

Il faut quoi qu’il en soit en mettre une petite quantité, pour combler le fond de la cavité causée par la pourriture, s’il y en a un trop gros morceau, il ne tiendra pas très bien, même par temps sec.

Pour la suite de l’été, j’ai régulièrement appliqué du tea tree puis du Hoof Stuff (celui ci tenait parfois plus d’une semaine!), cette solution s’est avérée très efficace, car en moins d’un mois, la pourriture avait complètement disparue.

Après 2 semaines de traitement, la lacune médiane redescendait sous la ligne des poils

Pour limiter/éviter la pourriture des fourchettes en ces temps particulièrement humides, hormis un curage des pieds quotidien, je rince très régulièrement le pied complet au vinaigre de cidre. En ce moment quasiment tous les deux jours, il y a de la boue et il pleut, acidifier le pied régulièrement permet que les bactéries ne puissent pas « s’accrocher » trop longtemps au pied.

Si je vois apparaître un début de pourriture, je cure, je brosse bien le pied (étapes quotidiennes), je rince le pied complet au vinaigre de cidre puis j’applique dans la zone touchée de l’extrait de pépins de pamplemousse (puissant bactéricide et fongicide, que j’achète sur Aroma Zone) et si le temps le permet, je bouche avec du Hoof Stuff.

Les jours où il fait très humide, après mon rinçage au vinaigre de cidre, je graisse les lacunes avec de l’huile de Laurier (l’huile de Cade est très conseillée également, mais avant de passer l’huile, il faut s’assurer de ne rien « enfermer dans le pied », un rinçage au vinaigre de cidre ou tout autre moyen aseptisant fera l’affaire).

L’utilité de graisser/huiler le pied et que les corps gras sont hydrophobes, ils repoussent l’eau. Donc toi qui me lis, si tu as suivi l’histoire, l’humidité tout ça tout ça… Bah ça peut être pas mal de protéger le pied de l’eau  🙂

Pour ce qui est du travail sur le pied, j’interviens environ toutes les 2 semaines à la râpe (pour faire un entretien) et toutes les 4 semaines à la pince. Je n’enlève pas grand-chose à chaque fois mais cela me permet de travailler petit à petit pour ne pas trop déstabiliser Hermès.

Je continue toujours sur la même lancée : garder les talons bas pour que la fourchette soit en contact, reculer le pied, ouvrir les talons, réduire les évasements etc.

Cet été je n’avais qu’une râpe toute nulle achetée à Padd et elle ne râpait rien du tout (à part la phalange de pouce qui a gardé une super cicatrice) donc autant dire que je m’acharnais sur les pieds du petit touffu et qu’il ne se passait rien du tout…

Maintenant je suis équipée : une râpe Save Edge, une pince à parer 35cm et une petite reinette bien aiguisée (le tout acheté sur Boutique Parage).

Sinon de manière générale, j’essaie de sortir Hermès en balade au moins une fois par semaine pour qu’il marche/trotte… Le foin n’est pas distribué toujours au même endroit pour éviter que les chevaux ne piétinent de trop et que la boue ne s’accumule.

Je suis assez fière du résultat car jusqu’ici il n’est pas plus touché que ça, je vois que ses pieds souffrent de l’humidité, mais c’est bien moins conséquent que l’année dernière et il n’a aucune sensibilité peu importe le terrain.

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